Le Film du dimanche soir

LE SPECTACLEDISTRIBUTION FICHE TECHNIQUE

HISTORIQUE

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Historique

 

1917, tandis que Pétain fait fusiller les déserteurs à tout va, l’état-major réquisitionne la famille Annibal pour jouer à l’arrière du front. Les comédiens doivent alors apporter de la distraction aux blessés que l’on remet en bon état avant de les renvoyer au combat.

Les filles de la famille sont alors recrutées pour assister les infirmières de nuit. .

1917 toujours. Les Etats-Unis envoient plusieurs bataillons de soldats en Europe sous le commandement du général Pershing. Le Canada envoie également sept mille hommes.

C’est à cette époque que le destin noua d’étranges fils, nous prouvant, une fois de plus, que la réalité dépasse toujours la fiction !

Dans les rangs de l’infanterie Canadienne, Joseph Arthur Standing Buffalo soldat du 78e bataillon d’infanterie, matricule 2413310, tout juste 20 ans. D’origine Sioux, ce jeune homme n’est autre que le petit-fils de Sitting Bull.

De son côté, l’armée Américaine a embarqué avec elle une équipe cinématographique chargée de couvrir l’avancée des troupes alliées.

Le cameraman de cette équipe se nomme Martin Feeney, seconde génération d’immigrés irlandais, il a 23 ans et a déjà réalisé quelques films pour Universal.

Dans la salle des mariages de la commune de  Beaumetz-lès-Loges, vingt lits sont disposés côte à côte pour accueillir les blessés alliés.

Acrimona Fussi, nièce de Jean Fort, qui a quelques connaissances en Anglais, veille chaque soir ces courageux soldats qui ont traversé l’Atlantique pour libérer le vieux continent de l’emprise prussienne.

Le plus gros de son travail consiste, en fait, à repérer ceux qui décèdent pendant la nuit, afin de dégager les cadavres au plus vite.

Elle a 19 ans.

Le 7 août 1918, Martin Feeney est blessé au visage, ses deux yeux sont brûlés. C’est grâce à l’intervention du chirurgien français Francis Delautre qu’il recouvrira la vue par la suite. Pour l’aider à contenir  sa douleur, Acrimona lui donne son mouchoir que Martin mord à pleines dents. Il gardera  cette manie toute sa vie, et mordillera un tissu à chaque accès de chagrin passager.

Le 26 août 1918, J.A. Standing Buffalo est gravement blessé à la tête et au ventre, près d’Arras.

Leurs lits ne sont distants que de quelques centimètres. Standing Buffalo geint en langue Dakota, et essaie de se faire comprendre en Anglais. Martin tente de communiquer les demandes de Standing Buffalo à Acrimona .

Face à l’insistance des supplications de Standing Buffalo, Acrimona demande à Jean et Lazare de retrouver au plus vite ses effets personnels et de les lui remettre.

Passer par l’Etat-Major français est un véritable casse-tête, le problème de la langue complique la requête auprès des Alliés.

La Famille Annibal se réunit et ; pour répondre aux attentes du jeune soldat indien, à qui il ne reste que quelques heures à vivre ; cambriole le poste de garnison canadien, soit la scierie locale, afin de retrouver le sac en question.

La nuit du 27 au 28 août, Martin a toujours un pansement sur l’œil gauche, un œil qui restera malade pendant le restant de son existence. Acrimona, Jean et Lazare extirpent, après bien des recommandations, des espèces de cactus miniatures de la doublure du sac de Standing Buffalo.

Jean est incapable, 92 ans après, d’expliquer pourquoi et comment, Standing Buffalo, Martin Feeney et lui-même, ont avalé ces cactus.

La seule chose qu’il puisse encore exprimer est : « Dieu qui parle nous a réuni tous les trois pour nous donner le courage de vivre comme celui de mourir. »

Début septembre le général Pershing prépare l’offensive du saillant de Saint-Mihiel, préparé avec minutie. Fort de 300 000 soldats américains et 110 000 soldats français, le général ne doute pas de sa victoire.

Afin de la porter à la postérité, Feeney est appelé à reprendre son poste au motif que «  un œil est bien suffisant pour filmer ».

Martin, qui tourne comme un lion en cage depuis le décès de Standing Buffalo, est prêt à en découdre avec les Prussiens et ne demande pas mieux.

C’était sans compter la volonté et le pouvoir d’une Acrimona amoureuse, terrifiée à l’idée de voir repartir au combat celui qu’elle a veillé avec passion pendant des nuits.

Avec l’aide de la famille, elle organise l’enlèvement du cinéaste dans la nuit du 8 au 9 septembre. C’est un véritable combat pour le sortir de force de l’hôpital, mais la famille est intraitable. Martin accepte alors de les suivre à deux conditions, récupérer son matériel de tournage, et le laisser rejoindre son unité dès sa guérison complète.

Jean se débrouille alors pour sortir la caméra et une malle de bobines au nez et à la barbe des gardes Yankees. Acrimona jure ses grands dieux qu’il disposera de son entière liberté à la fin de sa convalescence. Ce qui ne l’engage à rien, puisque Acrimona est aussi menteuse que le reste de la famille

Et c’est ainsi que Martin Feeney se retrouve dans la verdine de la famille qui file vers Paris, métropole où il sera plus aisé de passer inaperçu.

Comme prévu, Pershing remporte la bataille du saillant de Saint-Mihiel le 16 septembre 1918.

Le 29 septembre, Standing Buffalo décède. Il sera enterré dans le cimetière militaire de Ficheux, près d’Arras.

Les alliés avaient avancé de 32 km lorsque l’armistice fut signé le 11 novembre à Compiègne

A Colombes, charmante bourgade rurale près de la capitale, où la famille est installée, Martin apprend que l’armée américaine l’a déclaré déserteur. Après une terrible colère, il rassemble toutes ses affaires et s’apprête à regagner son unité. Mais après une nuit passée avec Acrimona, il décide rester avec la famille.

Le 13 novembre, Acrimona fête ses vingt ans  et annonce sa grossesse. Martin Feeney fait complètement partie de la famille, il se nomme à présent Martin Fédène. Jean est en admiration devant lui, et Martin l’initie au rudiment du cinéma.

Sagamore, le patriarche de la famille Annibal, et Martin ont alors pour projet de réaliser un film.

Ils contactent alors Théodore Botrel qui avait déjà travaillé sur un livret des Misérables avec la famille. Projet avorté, dont il ne reste qu’une chanson, celle de la rencontre de l’abbé Myriel et de Jean Valjean, que Théodore Botrel retouchera par la suite et intitulera « Le Couteau ».

Botrel est très occupé et il met en relation la famille avec Edmond Rostand qui rêve de voir son Cyrano adapté pour le cinématographe.

La rencontre a lieu fin novembre au Théâtre de la Porte Saint Martin au sortir d’une répétition de l’Aiglon.

Nul ne saura dire qui contamina l’autre, toujours est-il que la grippe s’abattit sur Sagamore et sur Edmond. Sagamore survécut, mais Rostand  mourut.

La contagion fut fulgurante, la famille Annibal se retrouva malade au grand complet. Les décès s’enchaînèrent au rythme d’un frère ou d’une cousine, par jour, pendant plus d’une semaine.

Jean, Marthe, Sagamore, un gars increvable qui avait déjà réchappé mille fois à la mort, et Martin, furent les seuls survivants.

Acrimona enterrée, Martin est au bord du suicide. C’est Jean qui lui redonne espoir et lui sauve ainsi la vie. Effectivement, Jean a conservé quelques précieux cactus que Standing Buffalo a partagés avec eux. Pour la deuxième fois, Martin et lui retournent alors consulter Dieu Qui Parle.

Dieu Qui Parle fût grandiose cette nuit-là puisqu’il conseilla fort astucieusement ses disciples avertis.

Martin décida de retourner dans son pays, d’y oublier cette aventure française et de refaire sa vie (il avait 24 ans, c’était du domaine du possible !

Mais auparavant, il s’engagea à tirer la famille du désastre.

En cinq semaines, il écrivit un scénario avec Jean. Puis, ils convoquèrent les amis forains de la famille et tournèrent un film grâce à leur concours bénévole : The Wild Witness, maladroitement traduit par la famille Annibal par La Témouine.

C’est le cadeau qu’il laissa à la famille, cadeau qui permit à Sagamore, sa fille Marthe et son neveu Jean, de reprendre la route dans leur baraque et proposer un spectacle assez extraordinaire pour que les spectateurs s’arrachent les places à bon prix.

Le film étant muet, les trois survivants en assurèrent (on ignorait encore ce nom à cette époque) la bande-son. Se partageant les dialogues et les bruitages, Marthe à la mandoline, Jean à la grosse-caisse, et Sagamore au clairon composaient également la musique (enfin, ce que l’on aura la générosité d’appeler la musique) en direct.

De retour aux USA, Martin se fit embaucher comme réalisateur à la Fox. En hommage à Jean Fort, il prit le pseudonyme de John Ford.

Ne gardant comme souvenir de la France qu’un texte de Maupassant, cadeau d’Acrimona : Boule de Suif . Il en fit une magistrale adaptation qu’il intitula : Stagecoach.